L’efficacité de la lutte contre le blanchiment de capitaux repose, au sein d’une économie globalisée, sur l’élaboration et le respect de réglementations et de standards à trois niveaux : national, européen et international.
- Au niveau international :
Le Groupe d’action financière (GAFI) est un organisme intergouvernemental indépendant dont la mission consiste à élaborer et promouvoir des stratégies de LCB-FT. Les 40 recommandations du GAFI ainsi que ses nombreux rapports se sont imposés comme des normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux. Le GAFI a actualisé en octobre 2024 sa liste grise des juridictions ayant un dispositif de LCB-FT considéré comme défaillant (retrait du Sénégal ; intégration de l’Algérie, de l’Angola, de la Côte d’Ivoire et du Liban). La liste grise du GAFI ainsi que sa liste noire doivent être pris en compte pour l’évaluation et l’attribution d’un niveau de risque à un client ou une opération. Le GAFI a par ailleurs réitéré l’importance de la LCB-FT et a renforcé ces positions en 2024, notamment s’agissant de l’utilisation des nouvelles technologies, considérée à la fois comme un atout et un défi pour la lutte contre le blanchiment.
- Au niveau européen :
- la 6e directive anti-blanchiment 2024/1640 (« AMLD6 ») qui traite notamment de l’identification des bénéficiaires effectifs (BE), de la création des registres centralisés, de l’harmonisation et de la convergence des pratiques des autorités nationales, du renforcement de la coopération entre les cellules de renseignements financiers (CRF) ;
L’Union européenne (UE) a adopté en 2024 un
nouveau « paquet LCB-FT » composé de trois textes qui entreront en application en juillet 2027 :
- un règlement « Single Rulebook » 2024/1624 (« AMLR ») qui traite notamment de l’extension du périmètre d’application de la LCB-FT et des informations à collecter, de l’obligation de vigilance et de l’approche par les risques, de l’organisation de la fonction conformité, de la détermination des BE ;
- un règlement 2024/1620 créant la nouvelle Autorité européenne de lutte contre le blanchiment de capitaux (« AMLA ») qui aura son siège à Francfort. Ce règlement prévoit une supervision duale des assujettis du secteur financier avec une supervision directe et indirecte du secteur financier par l’AMLA, notamment des entités présentant un risque élevé.
L’UE a également récemment mis à jour le
règlement sur les transferts de fonds 2023/1113 (« TFR »), publié le même jour que le règlement MICA en 2023, dont l’objectif est d’assurer la traçabilité des transferts de cryptoactifs dans le cadre de la lutte contre le blanchiment. Les assujettis aux obligations de LCB-FT doivent enfin mettre en œuvre
des mesures d’application de niveau 2 (règlements délégués)
et 3 (orientations, lignes directrices des autorités européennes et notamment de l’Autorité bancaire européenne (European Banking Authority (« EBA
[AG1] »), l’autorité européenne de supervision du secteur bancaire) :
- Orientations EBA/GL/2023/04 : sur les politiques et contrôles visant à la gestion efficace des risques de blanchiment de capitaux lors de la fourniture d’un accès à des services financiers ;
- Orientations EBA/GL/2024/11 : sur les exigences en matière d’information concernant les transferts de fonds et certains transferts de crypto-actifs au titre du règlement TFR.
- Au niveau national :
Les règlementations et textes à prendre en compte dans le cadre du dispositif de LCB-FT sont les suivants :
- Les dispositions du Code monétaire et financier et arrêtés relatif à la LCB-FT ;
- Les orientations, instructions, positions et lignes directrices des autorités de supervision du secteur financier et non financier ;
- Le rapport de la Cellule de Renseignement Financier (CRF) de TRACFIN. Dans son bilan annuel 2023, la CRF constate une :
- Augmentation notable des déclarations de soupçon liées aux crypto-actifs (186 000 déclarations en 2023 contre 162 000 en 2022) ;
- Recrudescence de l’utilisation des crypto-actifs pour le blanchiment de capitaux issus d’activités criminelles (attaques par rançongiciel, circuits de fraude fiscale et de financement du terrorisme) ;
- Diversification des méthodes employées : utilisation de jetons non fongibles (NFT) et de plateformes décentralisées pour dissimuler l’origine des fonds ;
- L’analyse nationale des risques du Conseil d’orientation de la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (« COLB », l’instance de coordination du dispositif national de LCB-FT) et les analyses sectorielles des risques de l’AMF et de l’ACPR qui identifient les principales menaces, les vulnérabilités, les mesures d’atténuation et le niveau de risque qui en découle pour chaque vecteur significatif du blanchiment de capitaux en France.
Ces rapports précisent que « le recours aux montages financiers complexes, l’essor des
actifs numériques, du financement participatif ainsi que les opérations impliquant l’usage d’espèces (transmission de fonds, instruments de monnaie électronique) » constituent des risques très élevés. De même, « le
secteur immobilier du fait de son poids dans l’économie, de son attractivité et de son dynamisme de même que celui des agents sportifs » ont été considérés comme présentant un risque élevé.
[AG1]définir